[Quête] Une information de plus

Lorsque Jilano entra dans la taverne, il dut s'arrêter un instant pour s'habituer à l'obscurité. Il n'était pas encore midi mais la salle commune grouillait déjà littéralement d'hommes, certains avec l'air pâteux d'un lendemain de beuverie et d'autres déjà enivrés. Il avança prudemment tout ses sens aux aguets et finit par repérer sa cible au milieu de la foule : Rhanek lui souriait mystérieusement depuis un coin sombre de la salle. Il l'avait reconnu malgré les vêtements amples que portait Jilano, et l'invita d'un geste à le rejoindre.

Jilano s’approcha doucement, comme s’il voulait disparaitre. Cet homme ….. cela faisait un bout de temps qu’il ne l’avait plus vu. Jilano hésitait sur l’atitude qu’il devait montrer : l’homme détenait peut-être un bout de son passé, mais en même temps il était très dangereux. Alors qu’il saisissait sa chaise pour s’assoir devant celui qui l’attendait, il y eu un éclat de voix et les ombres s’agitèrent dans la salle. Détail étrange, l’œil de Jilano ne parvenait pas à associer les mouvements des ombres à ceux des badauds semi ivres qui grouillaient dans la salle.
Une fois assit, il observa attentivement Rhanek. Cet homme était d’un commun extraordinaire. Il avait la tête de celui qu’on oubli sitôt lui avoir serré la main. Puis les regards s’accrochèrent, et le sourire de Rhanek n’intensifia. Jilano craqua :
-Alors ?
J’aime pas cette question. Elle demande tout et par la même occasion ne dit rien.
Silence.
Il se peut que j’ai trouvé certaine chose, et que d’autres soient restées floues.
Savez vous où sont mes enfants, mes livres, et qui m’a infligé tout ce que j’ai subi ?
Voilà une vrai question, bien que la fin laisse encore à désiré. J’ai trouvé qui vous a piégé et a enlevé vos enfants dit-il en changeant de position.
QUI ?
Tout service vaut mérite récompense, donc vous me devez, … un peiti service en retour diront nous.
C'est-à-dire ? demanda Jilano sur ses gardes
Rhanek fit un signe à trois gars assis sur une table voisine qui vinrent s’assoir à leur table.

"Il paraît que tu dois quelque chose à Rhanek, autant le lui donner tout de suite si tu ne veux pas d'ennuis.
- Voyons Rhanek, de telles précautions sont inutiles, tu sais très bien que je ne te flouerai pas si jamais je le pouvais.
- On n'est jamais trop prudent, surtout avec toi. Tu as ce que tu me dois ?"

Jilano réfléchit à toute vitesse, il avait manifestement promis quelque chose d'important à l'espion, et doutait de l'avoir sous la main. Pas question de jouer la montre, il n'avait pas d'atout dans la manche cette fois, et Rhanek avait probablement pris d'autre précaution.

"Ils savent quelque chose ?
- Ces gars là ? Ce ne sont que de vulgaires hommes de main qu'on m'a imposé, tu sais que je préfère travailler seul. Ne tourne pas autour du pot, est-ce que tu as la carte ou pas ? Ne va pas me faire croire que tu as oublié, ce ne serait pas ton genre."

La carte bien sûr ! Celle du trésor qu'ils avaient planqué dans les Collines Grises après avoir fini une mission dans les règles de l'art, en flouant l'employeur après la victime. Carte qu'on lui avait bien sur volé, et le trésor n'y était sans doute plus maintenant. Il allait devoir jouer finement.

"On m'a volé la carte, je croyais que tu avais reçu mon message.
- Quoi ? Quel message ? Je te croyais plus prudent !
- Les circonstances était particulière, c'était la carte ou ma vie. Cependant je devrais pouvoir retrouver l'endroit, tu auras ta paie et moi mes infos.
- Ne me prend pas pour un imbécile, tu sais comme moi que ton voleur n'aura rien eu de plus pressé que d'aller vérifier lui-même, il n'y a plus rien là bas !
- Il vaut mieux aller vérifier... Dis m'en un peu plus sur ce que tu as appris.
- Hélas, tes enfants ont été accueillis dans un château que tu ne verras probablement jamais, caché comme il est dans les collines..."

Un de ses hommes de main surprit Leonas en interrompant Rhanek :
"Je crains que vous ne vous laissiez aller, nous ne sommes pas là pour vous regarder régler vos comptes. Vous voulez voir vos enfants Leonas ? Vous allez les rejoindre, de gré ou de force !"

Jilano se maudissait intérieurement d’être tombé dans un piège aussi bas. Ses ravisseurs le sourire aux lèvres semblaient confiants et satisfaits de leur plan. Peut-être trop. Jilano en profita. Il poussa brusquement la table afin de basculer en arrière et fit une roulade pour se retrouver debout. Cependant cela lui fit perdre l’équilibre pendant une demi-seconde, le temps que l’homme le plus proche se jette sur lui. Il se servit alors de son élan et de son poids pour l’envoyer dans le mur, ce qui ne fit que surprendre l’assaillant : il revint à la charge aussitôt. Jilano bondit alors sur la table et sauta de table en table pour se retrouver au milieu de la salle, au centre de la bagarre. Dans la cohue ambiante, personne ne les remarquait, et donc personne ne pouvait lui venir en aide.

Son instinct l’avait pourtant prévenu : les ombres avaient tentés de lui montrer le danger. Ses pouvoirs lui revenaient donc ? En tout cas, pas suffisamment pour se défaire de ses camarades de jeu. Et son épée ne lui serait pas plus utile, vu qu’il n’avait toujours pas retrouvé ses techniques, que ses adversaires paraissaient entrainés, et qu’il n’avait pas le temps ni la place de la dégainer.

Les trois acolytes l’encerclaient, et Rhanek se dirigeait vers l’unique porte de sortie visible. Il était fait. Soudain en étudiant la situation, il aperçut Séléna qui venait tout juste d’entrer dans la salle, abasourdie par le vacarme. Espoir.

Séléna avait enfin fini par retrouver la taverne qu'elle recherchait, un petit bâtiment coincé contre la muraille de la citadelle. Elle remercia le gamin qui l'avait dirigé jusqu'ici, et pensa à le congédier mais se ravisa : elle aurait sûrement besoin de ce petit guide si les choses tournaient mal. En entrant dans la taverne, ses craintes se confirmèrent : les hommes étaient nombreux, parfois déjà ivres bien qu'il soit à peine midi, et un début de bagarre pointait alors que les voix s'élevaient dangereusement. Elle n'était pas encore entrée que résonnaient déjà les premiers cris, les soldats éméchés ramassant tout ce qui pourrait leur servir d'arme sur les tables. Elle pensa un instant à alerter la garde, mais aperçut Jilano dans un coin de la pièce, entouré de trois hommes armés et peu amicaux de toute évidence. Face à lui se tenait le dénommé Rhanek, qui semblait avoir réussi sa prise. Mais malgré la distance, Séléna aperçut une sorte de remord sur les traits usés de l'homme.

*Pas le temps de penser à ça, il faut agir vite où Jilano risque encore de me filer entre les doigts. J'espère que les autres suivront mes instructions et ne viendront pas se fourrer dans les ennuis, mais j'ai bien fiat de désobéir.

Elle tenta tant bien que mal de traverser la mélée, demandant à Anvar de l'attendre même si elle ne pouvait pas le vérifier. Grâce à sa petite taille, elle parvint à éviter la plupart des combats mais dut parfois se résoudre à frapper ça et là pour se frayer un chemin. Le combat battait son plein dans la taverne, mais curieusement un ilot de tranquillité semblait entourer Jilano, qui ne chercha pas à se défendre contre ses 3 ravisseurs. Elle crut d'abord qu'il avait laissé tombé à son air atterré, mais il l'aperçut et lui adressa un simple regard qui la convainquit : le moment n'était pas encore venu de passer à l'action. Elle assista donc impuissante à l'emprisonnement de Jilano, qui fut assomé pour le compte et embarqué par les 4 hommes vers la porte arrière de la taverne.

*Je suis arrivée trop tard... Je ne peux pas le laisser là, je dois trouver un moyen de le libérer ! Mais si je les suis, je vais me faire prendre aussi. Pour l'instant, ils ont l'air de le vouloir vivant, ils ne le tueront probablement pas maintenant donc je devrais pouvoir les suivre et aviser ensuite. Mais...

Séléna se rendit soudain compte que Rhanek lui aussi l'avait aperçue malgré le chaos ambiant, et il leva le bras pour la désigner. Mais au dernier moment, il sembla se raviser et indiqua la salle d'un grand geste, suggérant manifestement à ses compagnons d'accélérer leur travail.

*Il ne m'aurait pas vue ? Cela me semble peu probable, il semblait si fier de ses compétences en ce domaine... Alors pourquoi ne leur a-t-il rien dit ? Pourquoi a-t-il mené Jilano ici ? Je dois tirer cette affaire au clair, mais je dois d'abord retrouver leur trace, j'espère que le petit voleur m'attend et connaît bien le coin : je pense que cette poursuite ne sera pas de tout repos.

Heureusement, Anvar l'avait bel et bien attendu, mû par un honneur que lui seul pouvait comprendre. Mais il n'avait pas pour autant suivi ses consignes, puisqu'il semblait avoir passé un bon moment à vider les poches des soldats au beau milieu de la bataille. C'est donc très fier de lui qu'il attendit ses ordres, avant de lui indiquer comment contourner l'établissement pour rejoindre la porte arrière. Elle retrouva sans peine la trace des ravisseurs, ralentis dans leur progression par Jilano qui était toujours assommé, du moins le feignait-il.
*Je dois prévenir Elyona, les choses risquent de se gâter rapidement ici...
Elle se retourna vers Anvar qui attendait à côté d'elle :

"Une elfe devraient arriver ici ce soir, peut-être accompagné de Baldin le forgeron - le connais-tu ?- j'aimerai que tu leur dise rapidement ce qui s'est passé, et que je compte suivre ces hommes encore un moment. Je trouverai le moyen de vous contacter plus tard. Tu sais où ils se dirigent ?
- On dirait qu'ils vont vers le fleuve, le pont sur l'Aranor se trouve de l'autre côté et il n'y a pas d'autre sortie que celle de l'autre côté de la ville autrement, sauf quelques unes moins officielles. Ils vont sans doute partir par bateau, ou se cacher quelque part dans les environs.
- Merci de ton aide Anvar, dis leur que tu viens de la part de Séléna, l'elfe s'appelle Elyona, elle prendra sans doute soin de toi si tu es poli. Voilà ta paie, pas question que tu leur fasse les poches d'accord ?"

Elle s'éloigna ensuite, laissant le jeune homme libre de suivre ses ordres ou non.